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Walter Benjamin, La regla del juego
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Libro electrónico434 páginas2 horas

Walter Benjamin, La regla del juego

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La apuesta de Serge Pey en este libro es de la más radical estirpe: para él, el poema es el espacio político primario; para él, la poesía es la práctica política elemental. Quien hace historia de la literatura elabora una especie de parapoesía,escribe parapoemas, porque busca el fundamento de la poesía en los enunciados de las ciencias que corren paralelas al devenir del poema, tales como la jurisprudencia o las ciencias sociales. Quien hace crítica de la literatura construye unasuerte de metapoesía, escribe metapoemas, porque busca el fundamento de la poesía en los discursos sobre la contingencia humana, que van más allá del suceso del poema, tales como las ciencias políticas o la economía. Quien hace teoría de la literatura inventa un discurso archipoético, escribe archipoemas, porque busca el fundamento de la poesía antes del acontecimiento poético, sumándose a las pretensiones de las ciencias cognitivas y naturales. Todos ellos buscan el origen de la poesía en pensamientos, conocimientos o circunstancias que supuestamente preceden a la aparición del poema. Acaso se equivocan. «Que todo poema es una contraseña» escribe nuestro poeta, porque entiende que el poema es la llave primitiva del mundo.
IdiomaEspañol
Fecha de lanzamiento20 sept 2023
ISBN9789978776735
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    Walter Benjamin, La regla del juego - Serge Pey

    La poésie est la religion des noms des autres

    « Que mon poème n’est pas fait pour être compris, mais qu’il est fait pour comprendre », écrit serge Pey, peut-être parce qu’aucun poème n’a vraiment une explication finale ni ne fait l’unanimité, dans la mesure où le poème lui-même est l’espace où l’explication se trouve, se partage ou s’invente. Et cela parce que le poème instaure l’assemblée absolue : c’est là que se fonde un territoire où émergent les questions que les puissants se refusent à entendre, auxquelles les traitres ne veulent pas répondre, et que ceux qui sont devenus sourds et muets à cause de leur ego sont incapables de formuler. Il s’avère que le poème est la place publique de ceux qui ont résolu de se considérer égaux les uns les autres, même si une telle décision est injustifiable, car le prochain sera toujours différent, radicalement un « autre », un étranger irrémédiable. Un méconnu. Pey comprend que le poème est le traité politique de la dignité humaine, car il convoque au rendez-vous de l’imagination la plus extrême, de celle sur laquelle on ne peut pas établir de lois : la figuration du possible, du rêve qui est en train d’arriver. « Ceux qui veulent comprendre la poésie sont ceux qui ne la comprennent pas », écrit notre poète, ou mieux encore, il la pressent, il la perçoit, l’invente.

    Le pari de Serge Pey dans ce livre appartient à cette lignée extrême qui fait du poème l’espace politique primaire, la pratique politique de base. L’historien de la littérature fait une sorte de parapoésie, il écrit des parapoèmes, car il cherche les fondements de la poésie dans les énoncés des sciences tels le droit ou les sciences sociales qui suivent les routes parallèles du poème. Le critique littéraire bâtit une sorte de metapoésie, il écrit des metapoèmes, car il cherche les fondements de la poésie dans les discours sur la contingence humaine tels que l’économie et les sciences politiques, qui vont au-delà du poème. Le théoricien de la littérature invente un discours archipoétique, il écrit des archipoèmes, car il cherche les fondements de la poésie avant même que le fait poétique ne se matérialise, comme le prétendent les sciences cognitives et naturelles. Tous recherchent l’origine de la poésie dans des pensées, des connaissances ou des circonstances qui précèdent soi-disant l’apparition du poème. Et peut-être se trompent -ils. Notre poète écrit « Que tout poème est un mot de passe », parce qu’il sait que le poème est la clef originale du monde.

    Après avoir établie le territoire de la poésie, puis avoir tracé les frontières nébuleuses du poème, Serge Pey colonise le désert qu’il vient de trouver avec ses mots. Tout d’abord il règle des comptes avec les faiseurs de parapoèmes en leur rappelant « Que parler de poésie c’est faire déjà de la poésie ». Ensuite il prend de la distance avec les auteurs de metapoèmes leur opposant « Que si l’idéologie est une inversion du réel la poésie est sans idéologie » Il n’oublie pas non plus les auteurs d’archipoèmes, leur apprenant « Que tout poème est une porte dont la condition de l’ouverture est sa fermeture majeure ». Alors, nous, lecteurs de poésie, nous acceptons l’invitation à la table de la dignité sans fondement. Nous sommes admis à l’assemblée de tous les biens pour transformer le monde en un espace en construction. Toute fois la permanence dans cette communauté sans patrie ni drapeau implique aussi que nous acceptions « Que la poésie transforme le présent en éternité », comme l’écrit notre poète. Cela signifie que la poésie est un évènement, que le poème est éphémère. Pey écrit : « La beauté du poème est / sa pauvreté ».

    Un poète radical comme Serge Pey sait très bien « Que la poésie est la critique impitoyable de ses propres énoncés ». Que la vie est une révolte permanente. Que la révolution est une rêverie autoritaire. Aucune autorité ne viendra nous secourir. Aucun dieu ne cautionnera notre propre rédemption individuelle et particulière. Nous sommes absolument seuls. « La poésie est une religion sans théologie ni église » Et, justement, pour cette unique raison sans fondement, notre seule issue est la solidarité la plus catégorique et la plus radicale : « De tous les êtres / l’homme est le seul / qui donne lui-même / un nom à son semblable ». La poésie est la théologie des noms des autres. La poésie est la religion des autres, de ceux qui sont irrémédiablement différents. C’est pour quoi toute confrontation avec les dits parapoètes, metapoètes et archipoètes sera toujours un appel au détachement intérieur inévitable, au renoncement inconditionnel de tout fondement présupposé. quelle tâche courageuse, quelle mission risquée que celle d’être poète et de lire de la poésie. Il s’agit d’un pari total condamné à l échec: « Nous ne savons pas / si notre âme n’est pas qu’un lézard / immobile / trempée dans du lait ».

    César Eduardo Carrión¹

    15 de febrero de 2023

    _________________________________________________________

    ¹ Directeur de Chaire à la Pontificale Université Catholique d’Equateur et membre du Conseil éditorial de Trashumante.

    Note du lecteur-traducteur

    1 La coïncidence hallucinée

    En 2016 la maison d’édition Trashumante mettait en circulation Dar piel, une traduction de Cristina Burneo d’un manuscrit du philosophe français Jean-Luc Nancy. On annonce pour bientôt la parution de L’oubli de la Philosophie, un deuxième titre de cet auteur, traduit par Juan Manuel Ledesma.

    Encouragé par la réaction du public et par l’idée de nourrir cette ligne éditoriale, Fernando Alban, porte-parole et directeur de cette maison d’édition équatorienne, prend contact avec moi et me demande « …un grand livre d’un grand poète français contemporain ». Je transmets le message à Serge Pey, vieux compagnon de route, le plus important poète français vivant, auteur de plus d’une centaine de titres et les prix les plus prestigieux à son palmarès. Deux mois plus tard Serge Pey m’envoie La règle du jeu, un livre brûlant qui reprend des propos de Sens Unique¹ de Walter Benjamin, et qui configure l’embryon « imagé » du livre perdu pendant l’occupation allemande, comme des indices qui vont guider son poème, affichant dans ce dialogue mélancolique le caractère transhumant de la pensée.

    Que la poésie du sujet de la pensée est nomade

    Que la poésie d’une situation se mesure à la quantité

    de hasards qu’elle est capable d’unir

    Que plutôt de parler poésie au sens traditionnel du

    terme il faudrait parler de coïncidence

    hallucinée

    Bref. Pey envoie le livre à Trashumante, et me confie la traduction. En plein milieu de ma démarche, je reçois la préface signée Michael Löwy, le premier spécialiste européen du philosophe allemand. Alban, lui-même, philosophe, écrivain et enseignant universitaire, est aussi Benjaminien. Et moi je suis spécialiste en Pey. De passage à Quito, avant de prendre mon avion de retour en France, Alban vient me voir. Je lis quelques pages du livre à haute voix. Il est captivé, ébloui par le rythme et la puissance du texte. On pourrait dire comme Pey, voilà une coïncidence hallucinée de la poésie.

    2 La règle du jeu

    Dans Sens unique, pour Benjamin, il est question de jeu. Un jeu qui est en même temps un combat entre le matérialisme dialectique et le fascisme, allégorie ironique que Pey mène à l’extrême, changeant le jeu d’échecs par le football et l’histoire par le terrain de foot. Le poète, tel que l’avait suggéré Bolaño², est un allier gauche qui avance défiant l’abîme ou le hors-jeu. La règle du jeu n’est autre que celle de la poésie, de la vie, de la révolte. Ce fil rouge traverse les trois parties du livre. La première, Le manifeste des tomates³, est un méta-poème radioactif sur les limites de langage et correspond à cette sorte d’évangile du poème, construit sur la base de La Peyetique⁴. Interpellé sur sa démarche poétique, le poète-joueur répond par 686 axiomes en rafale, dont le but est de graver les tables de la loi de la poésie, de l’art et de la vie:

    Que la poésie opère les transfusions sanguines

    qu’elle peut entre les hommes et leurs mots

    Que les communions sont rouges dans

    les balançoires du sang

    Que tout poème est une arme à répétition (…)

    Qu’écrire un poème sur un élastique et le tendre jusqu’à la cassure est le mot d’ordre de notre engagement

    La deuxième partie, La règle du jeu, nourrit le méta-poème avec le débat sur les mots, sur la poésie, aussi bien que la fonction allégorique de la première. Dans les clins d’œil à Benjamin, le poème Hors-jeu est sombrement prémonitoire. Dans la troisième, Marche vers Port Bou, l’épigraphe explique qu’il s’agit d’un Poème pour le manuscrit perdu de Walter Benjamin, écrit en détournement de son ouvrage Sens unique. Cette partie –aussi intertextuelle–, mêle le réel au délire de la voix poétique pour afficher la vocation mystico-ascétique du philosophe en train de s’éteindre. C’est une marche triste. Par une acrobatie du sujet lyrique, dans une atmosphère électrique et brumeuse, les personnages échangent leurs noms. D’un coup on se trouve face à Pey en train de parler à la place de Benjamin, nous faisant part de ses pensées taciturnes, l’évocation des amis, ses réflexions autour de la poésie, ses gestes et visions après la dernière piqûre de morphine. Le locuteur récupérera sa voix dans le dernier poème.

    Frederic Joly, préfacier de Sens unique, soutient que la proximité entre Benjamin et la figure du joueur⁵ traduit les gestes de Walter Benjamin « à chaque étape cruciale de son existence », où il est presque forcé à jouer à la roulette russe. D’autre part, la technique de la Règle du jeu amplifie celle du Sens unique, qui s’appuie justement sur celle du joueur : prendre des risques, « miser sur l’expérience pour atteindre l’essentiel ».⁶

    Lisons Pey :

    Que la poésie reste l’art d’équilibrer

    les abîmes (…)

    En effet

    un mot de la poésie s’écrit toujours dans ses bords

    et la capacité du joueur est de transformer le centre

    de son terrain de papier

    en une nouvelle marge

    dans laquelle le poème n’est plus en jeu.

    Le jeu de la poésie consiste dans tous les cas

    à inventer un hors-jeu

    dans lequel le poète va jouer en dehors

    de la partie contre un ballon

    entièrement crevé et que personne

    ne peut regonfler.

    La précarité du poème et du poète est flagrante. Le vrai poète est toujours hors-jeu. Benjamin est complètement démuni face aux exigences du quotidien et de la société. « Il ne voulait rien d’autre qu’entendre la voix du rêve » – dit Adorno–, comme on peut déduire de sa manière de présenter la Spes de Andrea Pisano⁷ : « Elle est assise et, impuissante, tend les bras vers un fruit qui lui reste inaccessible. Et pourtant elle est ailée. Rien n’est plus vrai »⁸.

    La conscience d’un espoir qui semble inaccessible n’étouffe pas l’engagement politique et philosophique de Serge Pey :

    Que je ne veux pas écrire de véritables poèmes

    mais un journal qui se confondrait avec l’amour

    ou une guerre de libération

    Que nous devons ramener tout l’art de la poésie

    à un bon usage de l’insurrection (…)

    Qu’il nous faut préconiser « Non une poésie de rêve

    mais de réveil »⁹

    Que l’histoire est un arbre de Noël en sang

    avec des guirlandes de sang

    Que notre drapeau est une tomate écrasée à l’infini

    dans l’infini des révoltes

    La détermination et la force investies dans la résistance et la révolte n’échappaient pas à cette condition tragique, néanmoins la lucidité de Serge Pey, poète dialectique, reste intacte :

    Que la poésie est un discours sans pouvoir comme

    le monologue d’un chef guaraní

    Qu’il faut bien évidemment avoir conscience que ce

    que nous venons d’écrire n’est jamais un poème ni une

    destination ni un morceau de pied ni une insurrection

    Cette élection si éloquente est une critique acerbe des contradictions d’une modernité creuse aussi bien dans les arts que chez les artistes : si écrire un carnet ou un journal où l’amour et les guerres de libération revient quasiment au même, on peut montrer du doigt l’habituelle optique des egos des imposteurs.

    Quoi qu’il en soit, le dialogue intime des pensées se poursuit de manière ascendante vers le climax, et La règle du jeu devient un poème d’amour :

    Quand un être très proche de nous meurt il y a

    quelque chose qui ne peut se déployer

    qu’en son absence et nous finissons par le saluer

    dans une langue qu’il ne comprend déjà plus

    Que sur un de ses plateaux l’éternité n’a pas plus

    de poids qu’une de tes paroles ou que ta voix

    Que le fléau de cette balance marque les chutes

    et les élévations

    Que c’est ainsi qu’une simple voix peut peser

    plus que l’éternité

    Löwy – épaulé par Max Blechman-, avait déjà avancé certains propos sur Benjamin dans la revue Europe¹⁰, sous le titre de Romantisme révolutionnaire. Löwy décrit cette sensibilité qui marque les principaux mouvements de révolte culturelle du XX siècle, et classe Walter Benjamin sur une liste ou l’on trouve Rousseau, Schiller, Schlegel, Hölderlin, Shelley, Blake, Coleridge, Hugo, Michelet, Marx, Engels, Morris, Landauer, Bloch et Lefevre. Mais Lowy prend le soin de lui accorder une spécificité : « Walter Benjamin fonde l’unique esprit de la création, de l’éros et de la jeunesse ». ¹¹

    Dans La règle du jeu, loin de vouloir dépoussiérer le nom d’un intellectuel-artiste-philosophe incompris et méprisé par l’université allemande de son temps, Serge Pey revitalise la pensée d’un génie universel et d’un « Homme Nouveau » autant qu’il nous convoque avec sa parole scandée à éveiller le Romantisme Révolutionnaire qui nous habite.

    Dans nos temps de capitalismes et socialismes à la carte, Pey et Benjamin, –et Löwy avec eux–, nous convoquent au socialisme de la poésie, le seul socialisme capable de répondre à l’inquiétude de Rousseau dans sa lettre à D’Alembert : « Où sont les jeux et les fêtes de ma jeunesse ? Où est la concorde des citoyens ? Où est la fraternité publique ? Où est la pure joie et la véritable allégresse ? Où sont la paix, la liberté, l’équité, l’innocence ? »

    Löwy et Blechman poursuivent: (…) « le romantisme révolutionnaire s’affirme comme un socialisme de la poésie et de la rédemption opposé

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